« Et la course des femmes ce matin-là … »

Au matin de Pâques, des femmes effrayées ont désespérément couru porter un message aux apôtres : « On a enlevé le Seigneur ! ».  Il nous faut y entendre un cri de détresse, de désespoir. Non seulement Jésus a été soumis au supplice de la mort, mais son corps a même disparu ! Elles inauguraient ainsi un autre type de combat : Celui de la vérité sur le Nazaréen disparu !

Où est-il donc passé Jésus ? Pâques vient à nous avec ses contradictions et ses aberrations. Comment peut-on, en effet, partir du crépuscule d’un cimetière vide et se mettre à proclamer la Vie ? En plus, la vérité de la scène du tombeau ne semble évidente qu’aux yeux  perdus d’une poignée de disciples. Ils n’ont de science que la mémoire des paroles de l’Illustre disparu de Nazareth. Ce sont ces « paroles » qui fondent le cœur de la mission : « Il est ressuscité comme il l’avait dit ! »

Et pourtant… c’est devant ce vide que, nous aussi, nous sommes invités à nous placer. Des vides inattendus qui se créent dans notre quotidien et devant lesquels nous nous avouons vaincus. Si ce n’est déjà fait, on vide subtilement les églises, les écoles, les chapelles, les places publiques et même nos causeries du nom de « Jésus ». Et nous nous laissons paralyser par diverses peurs.

Nombreux sont des corps- inertes ou ambulants- qui marquent aussi l’absence de vie dans nos cités : les victimes de violence, de guerre, de divorces, de drogues, d’analphabétisme, de la faim, etc… Allons-nous nous contenter des charmes des prières qui consolent nos consciences, devant la kyrielle de drames de par le monde ?

Chers frères et sœurs, si le « vide du tombeau » ne réveille pas en nous l’ardent désir de mener le combat pour la Vie, si par-delà ce vide nos contemporains ne recouvrent pas la vigueur pour courir ensemble vers un message de Vie, Pâques n’aura pas été encore à nos portes cette année, ni la Galilée dans nos horizons.

Pâques ne nous apportera pas ce que nous espérions mais plutôt ce que nous n’espérions plus. La Vie est au-devant de nous ; ce n’est pas à reculons que nous allons la rattraper. C’est en courant vers l’avant comme Pierre, Jean, Marie de Magdala…que nous rappellerons que la dignité de tout homme ne peut pas se bâtir au tombeau !  L’expérience du « vide » n’est pas dans l’abandon et dans le découragement. Elle est plutôt dans l’éveil baptismal qui nous engage dans un l’accueil d’un message et dans des combats sur les chemins de la vie. A nous d’y mettre nos élans de solidarité et de fraternité. Sans égoïsme ni vanité propre ! Que vive notre doyenné et que nos courses soient empreintes d’un ardent désir à porter la Bonne Nouvelle sur Jésus.

Stanis Kanda, curé doyen